Made In Asie

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Frères de sang

                                          Frères de sang - 1973

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Scénario :

 

 

 

 

Deux bandits de grands chemins en embuscade sur une route (David Chiang et Chen Kuan Tai), tentent de dévaliser un passant (Ti Lung). Celui-ci s'avère être un redoutable artiste martial et ne tarde pas à les maîtriser. Ils finiront par allier leurs forces afin de mener à bien l'ambitieux projet de Ti Lung : devenir chef de bande et dominer la région. Une fois ses desseins accomplis, il décide de rejoindre l'armée impériale et d'y faire sa place. Des dissensions commenceront alors à apparaître entre les trois amis.

 

 

 

 

 

 

 

Casting :

 

 

 

 

David Chiang Da Wei
Ti Lung
Chen Kuan Tai
Cheng Li
Tin Ching
Cheng Miu
Wong Ching Ho
Yeung Chak Lam
Wong Kwong Yue
Fan Mei Sheng

 

 

 

 

 

                                              ***   Critique   ***

 

 

 

 

 

 

 

Historiquement, Frères de Sang se situe au cœur de la période la plus prolifique de Chang Cheh ; pas moins de six de ses films sortiront cette année-là. En pleine possession de ses moyens cinématographiques - il a déjà signé, entre autres la Trilogie du Sabreur Manchot dont le dernier volet, La Rage du Tigre, est un classique absolu du wu xia pian -, le réalisateur s’inspire ici d’un fait historique. Comme le souligne William Lee dans son dossier, Chang Cheh rompt ici avec une tradition : c’est en effet la première fois qu’un film montre des héros rejoindre l’armée d’occupation mandchoue sous le règne de la dynastie Qing. Il donnera ainsi naissance à ce qu’on a appelé le ‘film à nattes’. Rupture également avec une tradition esthétique : mis à part quelques séquences, l’essentiel du film est tourné en extérieur et en décors réels.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chang Cheh s’intéresse peu à la spiritualité des arts martiaux, se passionnant bien plus pour la psychologie de ses personnages et leurs conflits - il a d’ailleurs souvent coutume de laisser le soin de regler les séquences d’action à ses chorégraphes. En ce sens, il est l’un des réalisateurs de kung fu pian les plus accessibles au public occidental. Si par le passé Chang Cheh nous avait offert des combats de proportions épiques - on citera, entre autres, le final de La Rage du Tigre -, l’action est cette fois-ci beaucoup plus intimiste. Le réalisateur ne s’intéresse pas tant aux bouleversements politiques agitant le pays qu’à leurs répercussions sur les hommes : comment peut-on concilier l’accession au pouvoir et la fidélité à ses engagements ? Une thématique que John Woo, alors jeune assistant réalisateur, réutilisera dans son magnifique Une Balle dans la Tête.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Frères de Sang témoigne également de la rupture d’une tradition en vigueur à la Shaw Brothers : alors que le wu xia pan est en principe d’inspiration féministe, Chang Cheh se consacre essentiellement à ses héros masculins, et fait même du personnage interpreté par Ching Li le facteur qui va déclencher le drame, même si elle n’a bien entendu rien d’une Lady Macbeth. Chang Cheh ne s’intéresse guère aux histoire d’amour, seuls l’honneur, la trahison et l’amitié trouvent un intérêt à ses yeux. Et cette thématique est merveilleusement véhiculée par l’interpretation de Ti Lung qui trouve ici l’un de ses meilleurs rôles : à la fois compagnon fidèle et traître en puissance, il sait rendre avec subtilité toute l’ambiguïté de son personnage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Revoir Frères de Sang dans des conditions quasi-optimales, c’est aussi se souvenir d’un temps où les scènes de combat n’étaient pas forcément sur-découpées. Certes, le fait que les interprètes soient aussi des pratiquants confirmés autorise le metteur en scène à montrer les affrontements en longs plans, permettant ainsi au spectateur de contempler les mouvements dans leur ensemble sans devoir se contenter de l’amorce des gestes : le combat retrouve du sens, et la chorégraphie martiale s’intègre naturellement au récit au lieu d’être une pause dans la narration. On constate de même que la mise en scène de Chang Cheh n’a rien perdu de sa nervosité encore aujourd’hui. Et si certains se plaindront du trop grand nombre de zooms, on y verra une passerelle supplémentaire entre le cinéma d’arts martiaux hongkongais et le western spaghetti italien, une même approche ‘impure’ de la mise en images, une même sensualité dans le filmage des corps : voir à ce titre les gros plans sur le visage de David Chiang lors du supplice final.

 



13/03/2012
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