Made In Asie

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Kotoko

                                                            Kotoko

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INFOS :

 

 

 

 

 

 

Après avoir un peu trop rapidement enterré le réalisateur de Tokyo Fist, Vital et A Snake of June avec la sortie de Tetsuo 3 – The Bullet Man, pourtant loin d’être dénué d’intérêt, ce dernier revient avec Kotoko. Salué dans divers festivals, dont Venise qui lui remit un prix en septembre 2011, les fans de la première heure risquent pourtant d’être déçus devant ce qui est un chef d’oeuvre dans la continuité de son oeuvre.

Si les deux premiers opus de Tetsuo, ainsi que ses premiers films appartenant à la mouvance cyber-punk ont fait de lui le porte-parole d’une nouvelle vague japonaise, et lui ont permis d’atteindre la reconnaissance auprès des aficionados et des festivaliers, le réalisateur Shinya Tsukamoto ne s’est jamais enfermé et a toujours cherché à se renouveler. Paradoxalement, c’est cette évolution de son cinéma qu’on ne semble pas lui pardonner. Beaucoup plus féminin (tout comme Tetsuo 3), Kotoko est aussi plus mature, tout en renouant avec son incessante volonté de ne pas rentrer dans des carcans formels, narratifs et esthétiques, quitte à perdre quelques amateurs en route.

 

 

Qu’importe : même si son cinéma devient un peu plus hermétique, il n’en demeure pas moins passionnant, surtout si l’on fait l’effort de voir sa filmographie dans son ensemble. Kotoko brasse un nombre assez impressionnant de thèmes que la mise en scène transcende littéralement. En suivant ce personnage d’une jeune mère, plongeant petit à petit dans la folie, Shinya Tsukamoto nous propose son point de vue. Tout l’enjeu du récit est de voir la résistance qui s’installe chez la protagoniste afin de protéger coûte que coûte son enfant.

Depuis quelques années, Shinya Tsukamoto profite des avantages d’un matériel numérique qui permet d’offrir une liberté et une retranscription de la perte de repères de l’héroïne. Le cadre tremble, le cameraman suit avec frénésie le personnage lorsque celui-ci poursuit quelqu’un ou quelque chose, le montage multiplie les fondus ou les ruptures violentes de scènes, que la musique transcende avec une précision froide.

 

 

La mise en scène porte la marque expérimentale si particulière de son auteur. On pense à Repulsion de Roman Polanski, qui possède la même propension à traduire l’état des protagonistes par le langage cinématographique et non par le dialogue. Seulement ici, Tsukamoto est plus frontal et radical dans sa forme. Des moments de pure poésie (les scènes de chant, ou la magnifique séquence d’introduction de danse sur la plage, déjà vue dans Vital) côtoient les instants de terreur froide (le bébé qui ne cesse de tomber d’un toit d’immeuble). Parfois, comme dans ce court travelling qui filme calmement l’héroïne en train de dormir avant que son réveil ne coïncide avec le tremblement du cadre. Le sommeil est ainsi synonyme de calme, et l’éveil de l’entrée dans le cauchemar.

 

 

 

 

 

 

 

 

Narrativement, Tsukamoto n’hésite pas à multiplier les thématiques comme la présence étouffante de la société (la télévision et l’apparition du militaire), en opposition avec le calme de la banlieue (la belle-sœur s’occupera un temps de l’enfant). Une richesse qui est possible grâce à l’interprétation de la chanteuse Cocco qui passe ici pour la première fois devant une caméra (elle avait signé le thème de la musique du film Vital du même réalisateur). Si elle n’est certes pas toujours d’une parfaite justesse, on ne peut qu’admirer sa performance, surtout pour une première. Elle n’hésite pas à rompre son image de pop-star nippone et c’est dans cette folie qu’elle devient paradoxalement belle. Il n’est pas peu dire qu’elle tient Kotoko sur ses épaules, surtout que son nom a certainement poussé certains investisseurs dans la production…

 

 

Elle formera un temps un duo avec Shinya Tsukamoto qui interprète un écrivain amoureux et masochiste, prêt à tout pour tenter d’aider la jeune fille, quitte à sombrer dans l’auto-destruction. Un rôle apparemment autobiographique (l’écrivain est auteur d’un livre appelé Bullet Dance, qui renvoie évidemment à Bullet Ballet, film réalisé par Tsukamoto), comme souvent chez l’auteur. Ces deux héros qui s’aimeront le temps d’une passion aussi forte qu’auto-destructrice se rencontreront grâce à une récurrence thématique du film : la musique. L’art, la poésie, que ce soient l’écriture ou le chant, semblent être la seule issue paisible à toute cette folie urbaine. Les séquences de scarification de l’héroïne sont là encore assez passionnantes, car elles ne sont là que pour souligner cette recherche de la réalité.

 

 

Kotoko, comme souvent chez Shinya Tsukamoto, n’est pas un film facile d’accès. Malgré ses très nombreuses qualités, il décevra peut-être les fans de la première heure, qui s’attendent toujours à une violence que l’on trouvait dans Tokyo Fist, par exemple. Comme en forme d’antithèse, il nous offre ici un point de vue différent et moins frontal, mais conserve plus que jamais son génie et sa radicalité, quitte à perdre quelques spectateurs en route.

 

 

 

 

 

 

 

 

Diffusé dans quelques festivals prestigieux, il s’est retrouvé à Cannes au Marché du film en 2012. A l’instar de la plupart de ses derniers films, il ne semble pas prévu pour une sortie en vidéo chez nous pour le moment.

 

 

 

 

 

 

 

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07/08/2012
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