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Le bras de la vengeance

                             Le bras de la vengeance - 1969

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Scénario :

 

 

 

 

Huit maîtres organisent un tournoi et invitent tous les clans du pays, ces grands maîtres cherchent à dominer le monde des arts martiaux. Si des clans refusent de se rendre au tournoi, ils seront assassinés. Fang Gang, devenu fermier, refuse lui aussi, il a promis à Xiaoman de ne plus combattre. En dépit de son choix, plusieurs clans vont lui demander de leur venir en aide, il accepte.

 

 

 

 

 

 

Casting :

 

 

 

 

Jimmy Wang Yu : Fang Gang

Chiao Chiao : Hsiao Man

Chia Essie-lin : ua Niang

Tien Feng : Ling Hsu

Cheng Lei : Lu Tung

Ku Feng : Chiao Feng

Wu Ma : Kuan Hsien

Liu Chia-liang : Yuan Chen

 

 

 

 

 

 

 

                                                        ***   Critique   ***

 

 

 

 

 

 

Jimmy Wang Yu rendosse le rôle du sabreur manchot avec à ses côtés toujours Chiao Chiao en femme protectrice. En tant que suite, il ne s’agit plus de remettre en question le potentiel et la force de Fang Gang, cette fois ci, c’est lui le grand sabreur du film. En tant qu’expert, il ne craint personne, il massacre un nombre incalculable d’adversaires sans aucune émotion apparente !

Pour Chang Cheh c’est l’occasion de pousser à l’extrême les bouts d’idées qu’il avait commencé à développer dans ses anciens films. Le premier exemple, c’est les combats. Le film ne tourne qu’autour des rencontres entre les individus, le résultat est sanglant, violent et se répète régulièrement. C’est surprenant de voir le nombre de personnages qui vont crever, ils tombent comme des cartes avec du sang plein le corps. Chang Cheh fait exploser les quelques frustrations des années précédentes où l’on n’aurait jamais pu imaginer assister à un spectacle aussi macabre et sanglant, au mieux on aurait vu une petite coulée de sang ce qui démontre bien la modération des réalisations de l’époque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En dehors de la folie rouge, on retrouve la forte présence des relations entre les hommes. D’ailleurs, dans le film il n’y a que deux personnages féminins, le reste ce sont des hommes, des vrais ! Chang Cheh donne donc deux visions de la femme.

La première est une combattante, elle fait partie des huit grands maîtres, mais sa beauté lui permet d’avoir une couverture et de manipuler les hommes. C’est clair, cette femme est une mante religieuse perverse qui agit sans l’ombre d’une moralité. Avec sa mort, Chang Cheh met en scène l’échec d’une relation hétérosexuelle basée sur l’égalité des capacités des deux individus. En effet, la femme trompe un jeune homme qu’elle poignarde et se rend dans la chambre de Fang Gang, qui depuis le début avait bien compris qu’elle n’était pas qu’une paysanne, en quelques coups il la désarme. Mais à ce moment là, le jeune homme complètement ensanglanté arrive pour donner une information au sabreur manchot, ce dernier lui donne l’opportunité de tuer la vicieuse combattante. L’homme et la femme se poignardent simultanément et tombent tout doucement par-terre. À travers cette mort, le réalisateur dévoile son romantisme tragique et plein d’ironie qui sommeillait au fond de lui depuis très longtemps.

La seconde femme est Xiaoman, l’épouse de Fang Gang. Depuis le premier opus, elle souhaitait empêcher son amour de retomber dans le monde des arts martiaux. Cela s’explique par son passif, elle a vu son père, un expert martial, mourir à cause des jalousies qui dominent ce monde. Elle pensait pouvoir faire oublier les combats à Fang Gang avec le mariage, mais dans le fond l’homme n’a jamais oublié les arts martiaux bien qu’ayant réalisé son rêve. Xiaoman reste une soumise quoiqu’il arrive, elle aide quelques fois son mari à voir un peu plus clair mais dans l’ensemble c’est une femme qui est totalement dévouée à son mari.

 

 

 

 

Le Bras de la Vengeance - 1969 - Chang Cheh

 

 

 

 

 

Le thème de l’homosexualité transparaît avec ces jeunes hommes qui veulent aller délivrer leurs pères retenus prisonniers par les grands maîtres, on peut vraiment parler d’inceste car on s’aperçoit que Chang Cheh pousse les relations pères – fils très loin, il suffit de repenser à la scène des retrouvailles où chaque famille recomposée se sert très fort dans ses bras ! Par famille, il faut bien entendre simplement le père et son fils, les mères sont inexistantes dans ce monde.

Ces fils sont des hommes chang chehien, qui même couvert de sang continueront à se battre jusqu’à leurs derniers souffles. Pour une fois, le réalisateur ne s’attaque pas frontalement au héros, il utilise les personnages secondaires comme moyen de substitution, mais au final le résultat est bien le même. Fang Gang n’est pas mort, mais il n’accepte pas non plus la gloire d’être considéré comme un grand héros, quand on lui remet une récompense, il la jette sans se poser de question. Après tout pour un seul héros, il y a combien de morts ? Peut être que Chang Cheh nous montre que la femme empêche l’homme d’accomplir son devoir ou peut être que Fang Gang est devenu un homme tout bêtement dégoûté par la folie martiale.

 

 

 

 

Le Bras de la Vengeance - 1969 - Chang Cheh

 

 

 

 

 

 

En cherchant à approfondir toujours plus les éléments, Chang Cheh n’oublie bien évidemment pas les armes délirantes. On avait déjà vu ce point dans le premier épisode du sabreur manchot avec les armes crées spécialement pour contrer les attaques du clan de Fang Gang. Dans ce film, il n’y plus qu’une seule arme sortant tout droit de la tête du réalisateur, chaque maître a en effet sa propre arme. C’est d’ailleurs ce qui est introduit dès le générique d’ouverture du film. La créativité de Chang Cheh est impressionnante, on se demande comment il a pu penser à une épée qui cracherait de la fumée empoisonnée, ou encore une épée qui s’allonge ou se rétracte ! Avec ces armes ils dessinent bien la personnalité de chaque grands maîtres, malheureusement son travail sur ces personnages ne va pas non plus très loin. La plupart des grands maîtres ne semblent même pas être de véritables obstacles pour le groupe mené par Fang Gang, plusieurs combats durent à peine une minute alors qu’on fait face à un des maîtres ! Il ne donne la chance qu’à deux ou trois maîtres de pouvoir bien montrer leurs capacités comme Lau Kar Leung ou encore Tien Feng à la limite. Le pire exemple est celui de Ku Feng, qui n’apparaît tout juste que 2 minutes dans tout le film ! Puisque l’on parle des quelques acteurs connus du film, on peut citer le caméo des deux têtes d’affiche du dernier volet de la trilogie du sabreur manchot, à savoir Ti Lung et David Chiang, leur apparition est courte mais sympathique.

C’est aussi dommage que Chang Cheh n’ait pas appuyer plus la mort des grands méchants du film, par moment il semble qu’il y ait eu une mauvaise découpe, on voit un homme en pleine agonie puis en plein milieu de ses gémissements on passe à une scène différente beaucoup plus calme !

 

 

 

 

Le Bras de la Vengeance - 1969 - Chang Cheh

 

 

 

 

 

 

De toute façon, il vaut mieux être prévenu, Le Bras de la Vengeance ne joue pas dans la même catégorie que son grand frère. Le sabreur manchot est un maître incontestable qui se contente de tuer tous ce qu’il y a sur son passage, même les grands maîtres. Il n’est jamais remis en cause, il incarne parfaitement la suprématie d’un handicapé sur un monde pourtant dominé par des gens normaux bien qu’un peu excentriques. On peut concevoir toute l’ironie de ce personnage manchot qui se montre être un bien meilleur combattant que tous les autres.

Quand à l’histoire, il ne faut pas s’attarder dessus. Le scénario n’est qu’un moyen pour faire évoluer les personnages, il ne faut pas chercher la cohérence parfaite du récit, il y a des méchants qui font du mal, il faut aller leur botter le cul. Si ce n’est pas parfait, il faut reconnaître que ce scénario sert efficacement le désir d’exploiter à fond certaines idées de Chang Cheh. Qu’importe la cohérence si l’on a des combats bien sanglants.

 

 

 

 

Le Bras de la Vengeance - 1969 - Chang Cheh

 

 

 

 

 

 

Le Bras de la Vengeance ressemble à une expérience réussie de Chang Cheh, il n’y a pas toute l’ambition du premier épisode avec entre autre une histoire très complète et vraiment génial. Il y a simplement une histoire facile parsemée de combats surprenants. Il semble que Chang Cheh essaye à travers ce film d’exploiter au mieux certains filons qu’il avait déjà commencé à aborder dans ses autres films. Le Bras de la Vengeance est un bon délire chang chehien immodéré et divertissant, mais est surtout un film surprenant après le très beau Golden Swallow, Chang Cheh montre qu’il sait varié le ton capable de passer du tragique à pratiquement l’autodérision.

 

 

 

 

 

 

 



13/03/2012
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