Made In Asie

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Les 13 fils du Dragon d'Or

                        Les 13 fils du Dragon d'Or - 1970

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Scénario :

 

 

 

 

La Chine à la fin de la dynastie Tang. Changan, la capitale impériale est tombée aux mains des rebelles. Quelques individus restés fidèles au pouvoir décident de d’aller la libérer. L’un d’entre eux est Li Ke Yung, un chef de guerre qui vole de succès en succès grâce à ses 13 fils, des guerriers d'une grande renommée. Mais l'outrecuidance de la famille commence à éveiller des jalousies. Les fils resteront-ils unis face aux épreuves que leur infligeront leurs ennemis?

 

 

 

 

 

 

Casting :

 

 

 


David Chiang Da Wei
Ti Lung
Chan Chuen
Lily Li Li Li
Chan Sing
Bolo Yeung Tze
Ku Feng
Chin Han
Wong Chung
James Nam Gung Fan

 

 

 

 

 

                                                        ***   Critique   ***

 

 

 

 

 

 

David Chiang et Ti Lung se retrouve ensemble une nouvelle fois après avoir déjà été réunit lors du somptueux Dead End. Le duo vient de naître, il fait ses premiers pas, si dans Dead End c’est Ti Lung qui accapare le premier rôle en reléguant David au rang du discret camarade mécanicien, dans The Heroic Ones la tendance s’inverse plus ou moins avec un David Chiang à son top incarnant le grand héro de l’histoire et un Ti Lung marquant surtout les esprits lors d’une des meilleures scènes du film.

On retrouve comme dans beaucoup de productions de la Shaw Brothers, une introduction nous replaçant dans un contexte historique particulier. Nous sommes dans les derniers instants de la Dynastie Tang, des barbares ont pris possession de la Capitale. Il reste quelques groupes de guerriers soutenant le pouvoir dont les 13 fils de Li Ke Yung (Ku Feng), un seigneur enchaînant victoire sur victoire grâce au savoir-faire de ses fils. Lors d’une rencontre avec le seigneur Chan, Li Chun Xiao (David Chiang), le treizième fils, lui propose un défi. Le corps d’un barbare contre sa ceinture de Jade. Il remporte le défi et prend de force une moitié de la ceinture. Ce geste est le début des ennuis pour les fils…

 

 

 

 

The Heroic Ones - 1970 - Chang Cheh

 

 

 

 

 

 

Le premier point important du film, c’est l’importance des moyens mis en place. On retrouve un casting varié, de grands décors en extérieurs mais surtout une masse incroyable de figurant.

Ce casting comprend pas mal de grosses stars de l’époque, aussi bien montante que déjà reconnue, comme Ku Feng, David Chiang, Ti Lung, Lo Wei (La Fureur de vaincre c’est lui), James Nam, Li Li-li… Chang Cheh dispose d’une véritable mine d’or entre ses mains !

La démesure du budget peut sans doute expliquer la durée du film qui est de 2h. En général la durée des films de cette époque est comprise entre 1h30 – 1h50. Mais ne chipotons pas pour 10 petites minutes…

Cette durée aurait pu nous faire penser que Chang Cheh prendrait son temps pour aboutir correctement ses personnages, pour nous intéresser autrement que par le simple pseudo prestige des 13 guerriers. C’est assez frustrant de voir qu’il ne peut traiter qu’à peine de 4/5 personnages et encore il ne peut pas aller trop loin. Tous les individus sont d’énormes clichés vivants, David Chiang est un héro dont la gloire fait jalousée certains de ses frères, Ti Lung est un bon combattant qui ne parle pas beaucoup, mention spéciale à Ku Feng en père dur mais plein d’affection pour ses fils…Puis les deux traites sont des jaloux finis vraiment méchant et vraiment hypocrite. Autant dire que cette galerie de personnage n’est pas le point fort du film.

 

 

 

The Heroic Ones - 1970 - Chang Cheh

 

 

 

 

 

 

Quant au scénario, on aurait encore une fois pu penser que Chang Cheh allait développer l’intrigue politique de contexte historique particulier. Mais non, l’ensemble reste sommaire et puis après tout le sujet du film c’est bien plus ces 13 guerriers, l’Histoire de Chine est un prétexte pour ancrer des personnages héroïques et glorieux. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois, la Shaw Brothers est reconnue pour s’être inspirée de l’Histoire de Chine et de ses contes afin de réaliser du divertissement. Sans oublier qu’une partie du public de l’époque vient de traverser une période assez dur avec la récente Révolution Culturelle.

L’intrigue principale du film sera donc les rapports entre les frères avec quelques scènes d’actions exploitant le côté historique de l’histoire.

Chang Cheh nous plonge dans un monde totalement viril et machiste, les femmes présentes à l’écran sont des danseuses expertes en cochonneries soumises aux paroles d’un seigneur. La seule femme qui pouvait espérer briser ce schéma est Li Li-li qui n’apparaît pas plus de 5 minutes, aussitôt vue, aussitôt disparue. Il préfère mettre en avant les torses musclés des jeunes hommes et leur puissance plutôt que la douceur et la beauté des femmes.

La fraternité entre frère n’est pas pour autant poussée à bout, n’espérez pas voir deux frères se serrer fort dans les bras. Tout au plus, Chang Cheh fait appelle à des symboles pour exprimer cette idée, comme par exemple la tenue de David Chiang et celle de Ti Lung. Les deux tenues se complètent, la première est en majorité blanche avec un peu de noir tandis que la seconde inverse parfaitement les couleurs. Ils sont aussi les deux préférés du père, on les retrouve souvent à sa table, l’un à gauche, l’autre à droite et au milieu la figure paternel.

Malheureusement ce sont les deux seuls frères auxquels s’attache Chang Cheh, les autres font clairement de la figuration.

 

 

 

 

The Heroic Ones - 1970 - Chang Cheh

 

 

 

 

 

 

En repensant à The Assassin, ancienne réalisation de Chang Cheh, on peut constater la différence incroyable de la place des combats. Ce film, lui aussi sous fond historique, était clairement plus tourné vers le mélodrame, les combats étaient rares mais visuellement riches. Avec The Heroic Ones, il n’y a plus vraiment de mélodrame, il faut dire qu’il a déjà du mal à ancrer ses personnages. L’action devient gigantesque. Pourtant le premier combat est décevant, David Chiang ne fait que de rebondir sur des trampolines contre un adversaire assez mou. Les moyens aidant, Chang Cheh peut mettre en place des combats titanesques opposant quelques hommes contre une véritable armée ! À la chorégraphie on retrouve deux grands noms, Liu Chia-Liang et Tang Chia. Mais ces combats drainent tellement d’adversaire qu’il en devient difficile de comprendre les actions des personnages, la première scène du genre n’est pas une franche réussite, David Chiang n’est que très moyennement crédible avec une épée à la main, seul Ti Lung arrive à faire ressortir une émotion de sa prestation.

Heureusement pour nous, ce dernier livrera dans une séquence de 10 minutes, un combat interminable contre une foule d’ennemi arrivant par vague et paraissant infinie. Ce combat est grandiose, c’est la fuite de la demeure du seigneur Chan, Li Ke Yung est entouré de deux gardes et d’un de ses fils. Ti Lung est tout simplement incroyable, il manie son arme avec agilité et souplesse. Si vous pensiez que Wang Yu était le seul à pouvoir défroquer une centaine d’adversaires vous aviez carrément tort ! Ti Lung surpasse n’importe quel Wang Yu (ou presque), car lui il fait face à une armée de 1000 hommes. À la fin du combat, bien que blessé il continue à se battre pour défendre son père, ce passage est d’ailleurs extrêmement proche d’une scène similaire de Vengeance !. On sent que Chang Cheh n’hésite toujours pas à continuer certaines expérimentations pour ses films à venir. Cette séquence est sans aucun doute l’intérêt principal du film.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sa réalisation est bonne sans être incroyable, il y a des idées vraiment géniales. Comme pour la première scène du film qui se termine sur un plan d’une coupole en feu laissant deviner clairement ce qu’il adviendra de ces personnages festifs et joyeux. La place qu’il donne au symbole du feu est aussi importante, on le retrouve très souvent durant le film. On pourrait penser que chaque particule consumée renvoie à la détérioration progressive de la relation des frères. La mise en scène de la mort de ses personnages principaux est elle aussi très inventive, l’agonie de Ti Lung est filmée au ralentie, la mort de David Chiang n’est que suggérée (on verra son corps quelques instants plus tard) et pourtant Chang Cheh arrive à nous faire frémir devant cette horreur.

Autre petit point, alors que dans The Assassin il filmait les banquets accompagnés d’une musique sans aucun discours ou réaction de la part des personnages, il se permet ici de les faire parler pendant que des femmes danses sur une superbe musique au milieu de la salle. Le côté machiste du film n’est sans doute pas la seule explication à ce fait…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chang Cheh bénéficie avec ce film d’un budget faramineux et d’un casting comprenant des grosses têtes du studio pourtant son film n’est pas excellent, la meilleure équipe n’engendre pas forcément des chefs d’œuvres. Il ne peut développer véritablement aucun de ses personnages et reste coincé dans une histoire simpliste et un peu trop linéaire. On retrouve tout de même des bons côtés, le combat de Ti Lung est à mon avis l’attraction principale du film et les deux acteurs (Chiang et Lung) nous aident à passer un moment agréable. Sans être un grand Chang Cheh, The Heroic Ones nous offre les quelques thèmes de prédilection du maître et de quelques détails visuels sympathiques.

 

 

 

 

 

 



13/03/2012
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