Made In Asie

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The Assassin

The Assassin - 1967

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

=>  Film chinois réalisé par Chang Cheh en  1967.

 

 

 

 

 

 

 

Synopsis :

 

 

 

 

 

 

Le film se passe sur un fond historique, une lutte d’influence entre deux hommes auprès du jeune souverain de Qin. Jimmy Wang Yu, étoile de Chang Cheh, interprète un jeune homme nommé Nie Zheng, espérant voir un jour son heure de gloire arriver. Il souhaite pouvoir donner un sens à sa vie, c’est pour cette raison qu’il a rejoint un groupe d’entraînement dirigé par un maître fatigué par la perte d’identité voulu de sa région. Pendant une longue année il va donc apprendre à manier l’épée avec d’autres jeunes garçons rêveurs. Malheureusement, le groupe d’entraînement est trahi par un des élèves, le maître est tué, la plupart des jeunes aussi. Nie Zheng parvient à se sauver, avec un de ses camarades. Ils se vengent du traite puis disparaissent chacun de leur côté. Le destin malmène le jeune Nie Zheng qui dans sa fuite ne peut emmener sa douce fiancée. Ayant renoncé à la vie martiale et à la lutte, il devient boucher pour faire plaisir à sa mère âgée et à sa sœur célibataire.

 

 

 

 

 

 

 

Casting :

 

 

 

 

 

 

Jimmy Wang Yu

Chiao Chiao

Hsiang Chun Li

 

 

 

 

 

 

 

                                                                   ***   Critique   ***

 

 

 

 

 

 

 

L’année 1967 marque un tournant dans l’histoire du cinéma Hong Kongais avec One-Armed Swordman qui devient le premier film à dépasser la barre du million de recette au box-office. Ce succès effacera quelque peu un autre film, tourné la même année avec la même équipe : The Assassin.

 

 

 

The Assassin - 1967 - Chang Cheh

 

 

 

Il faut être honnête, The Assassin n’est pas un film riche en combat, tout au plus 4-5 scènes de combats parcourent le film, toutes géniales, mention spéciale à un final digne des prochaines réalisations du maître. Le film est avant tout une histoire mélodramatique sur un léger fond historique, les scènes de dialogue font légions.

 

 

 

 

The Assassin - 1967 - Chang Cheh

 

 

 

Chang Cheh continue ici d’explorer le Wu Xia Pian en s’intéressant à la « chambarasition » des combats. Cette « chambarasition » du code du combat passe par des attaques tournoyantes puissantes de la part d’un héro se dégageant d’une masse d’ennemis, par le positionnement symbolique du personnage au centre d’un cercle formé d’opposants. Il reste quand même quelques éléments provenant directement de l’héritage de l’Opéra de Pékin dans ces combats : les super sauts incroyables. On en retrouve surtout dans le combat final, ils viennent malheureusement casser l’intensité dramatique de la scène, il faut dire que le montage ne rend pas honneur aux effets de l’époque. L’influence japonaise revendiquée est celle de la récente série Zatoichi, le masseur aveugle, incarné par le génial Shintaro Katsu.

 

 

 

The Assassin - 1967 - Chang Cheh

 

 

 

Jimmy Wang Yu est fidèle à lui même, il lui est apparemment toujours aussi difficile d’élargir son expression dramatique, néanmoins il excelle dans le monolithisme et ses prestations de combats à l’épée sont toujours bonnes. Il est toujours bien accompagné, Tien Feng assure son rôle d’honnête père trahi tandis que Lisa Chiao Chiao joue la femme aimante délaissée.

 

 

 

The Assassin - 1967 - Chang Cheh

 

 

 

En dehors d’un casting sympa sans être incroyable, il y a le plus du film, l’atout majeur de la Shaw brothers : les studios. À l’exception de quelques scènes d’extérieurs, la majorité du film se joue en studio, et quels studios ! Ma préférence va au décor du « rendez-vous des herbes » bordé d’un ciel étoilé magnifique. Ces hautes herbes permettent à notre couple d’avoir une trop rare intimité, leur donnant la possibilité d’expliciter leur sentiment. De même que le décor de la chambre, filmé un moment dans le noir, juste avant le départ de notre héro, c’est un passage très beau dans lequel Chang Cheh ne s’embete pas d’artifices pour faire renaître une dernière fois l’intimité du couple.

 

 

 

 

The Assassin - 1967 - Chang Cheh

 

 

 

Avec les décors, on peut ajouter la musique traditionnelle qui vient rythmer le film, les servantes jouant à plusieurs reprises une belle mélodie qui impose chez les personnages un petit repos doux. Malheureusement Celestial, qui a remasterisé les films, nous impose la musique un peu trop souvent, elle en arrive même à devenir saoulante, mais on est loin de la catastrophe de The Chinese Boxer.

 

 

 

 

 

On retrouve bien évidemment les thèmes récurrents à Chang Cheh : l’héroïsme, la vengeance, l’amitié virile… L’héroïsme du personnage est clairement visible dès les premiers combats, la position tenue par Nie Zheng démontre une habilité sans faille ainsi qu’une rage de vaincre. Ce personnage est hanté par des histoires de paysans rentrés dans la légende, c’est à quoi il aspire. Il y a bien sûr une phase durant laquelle le personnage est incapable de s’exprimer, complètement renfermer sur lui-même, sa famille faisant pression sur lui, c’est un héro incompris qui attend son heure de gloire.

 

 

 

 

 

 

C’est ce qui sera possible quand Tien Feng apparaît dans sa vie, lui donnant l’opportunité de changer le cours de l’Histoire. Les deux hommes deviennent rapidement ami, allant même jusqu’à se considérer comme frères. La relation semble être quelque peu retenue. Chung-Tzu (Tien Feng) était un homme d’influence, il est donc riche et fait profiter de son argent à son « frère », qui découvre peu à peu la vie aisée. Cette élévation du statut chez Nie Zheng met en avant une autre personnalité : celle de l’homme cherchant avant tout la gloire et la richesse. Le même homme qui 30 minutes plus tôt défendait des pauvres d’une agression, profite maintenant de la belle musique jouée par des servantes tristes, il trouve cela d’ailleurs marrant.

 

 

 

 

 

Cette amitié poussée l’emmène donc vers sa tragique destinée, le personnage semble être déboussolée, comme si dorénavant il avait des remords à devoir assumer cette décision. Lors de ses derniers jours, sa fiancée lui tiendra compagnie, elle l’aidera à faire un point, à lui montrer les excès dont il fait preuve.

Chang Cheh semble tourner Nie Zheng en dérision, cette figure héroïque un temps embourgeoisée doit finalement faire face à sa réalité, loin des héros mythiques d’antan, Nie Zheng n’est qu’un simple assassin qui causera d’énormes problèmes à sa famille, au passage la mise en scène de sa mort tragique renforce cette idée.

 

 

 

 

 

On pourra aussi voir en Nie Zheng le symbole d’une jeunesse frustrée luttant contre les dogmes imposés par une autorité peu intéressée par sa population. Dans cette optique, le combat final montre l’engrenage de la violence déclenché par des dignitaires nombrilistes, ainsi le pouvoir récolte ce qu’il a cultivé.>

 

 

 

 

 

Le personnage de Nie Zheng peut être à rapprocher du futur « Le Justicier de Shanghaï », la démesure est dans les deux cas amplifiée par une amitié masculine et le héros se retrouve piégé face à ses démons. On peut aussi ajouter le sanglant du final, même si la durée n’est pas la même (20 minutes contre 5 quand même), vraiment surprenant dans les deux cas.

The Assassin regroupe beaucoup de thèmes qui seront développés de façon plus incisifs, avec plus d’intensité dans les prochains films de Chang Cheh. Il n’en reste pas moins un bon film prenant avec juste quelques longueurs que le potentiel dramatique final nous fera vite oublié.

 



13/06/2012
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