Made In Asie

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L'Ombre Du Fouet

                                         L'Ombre Du Fouet - 1971

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Scénario :

 

 

 

 

Dans une région hivernale du nord de la Chine, vit l’intrépide Miss Yun (Cheng Pei Pei) une virtuose du fouet qui devient entre ses main une arme foudroyante. Lorsque un trio de brutes l’amène a révéler sont surprenant talent, cela attire aussitôt l’attention de nouveaux venus dans la région. L’un est Wang Jianxjia (Yueh Hua) un fougueux jeune chevalier, l’autre Hong Dapend (Ku Feng) un ombrageux épéiste. Ils sont tous deux à la recherche de Feng Cheng-tian un maître du fouet jadis respecté mais devenu depuis lors un fugitif pour un crime odieux commis quinze années plus tôt. Ils se demandent si l’oncle reclus de Miss Yun, qui lui a enseigné l’art fouet est l’homme qu’ils recherchent. Ainsi commence une chasse à l’homme pleine de violence et de retournements au cours de laquelle Miss Yuan apprendra finalement la vérité sur son oncle et son propre passé tragique.

 

 

 

 

 

 

Casting :

 

 

 

 

Cheng Pei Pei
Yueh Hua
Tien Feng
Wong Hap
Ku Feng
Lee Kwan
Lo Wei
Lee Sau Kei
Go Ming (2)
Cheung Chok Chow
 

 

 

 

 

 

 

                                                         ***   Critique   ***

 

 

 

 

 

 

 

 

The Shadow Whip s'ouvre sur un magnifique paysage enneigé, quasi lunaire. Le spectateur enthousiaste, qui a en tête le sublime Pale Rider de Clint Eastwood, est alors persuadé qu'il va avoir affaire à un film original et esthétiquement magnifique. Or, si le western précédemment cité tirait parti de son environnement (les brumes neigeuses et le sol d'un blanc virginal construisaient un climat proche du fantastique), fort est de constater que le réalisateur de The Shadow Whip n'en a pas du tout exploité l'énorme potentiel. Alors pourquoi être aller tourner dans les montagnes coréennes ? Pour faire ressentir l'isolement des héros ? Pour s'éloigner des hippodromes hongkongais (on sait que Lo Wei était un joueur invétéré qui dilapidait son salaire en pariant sur des chevaux de course) ? Pour s'offrir des vacances sur le dos des producteurs ? D'autant plus qu'on revient assez rapidement à nos classiques décors des films de la Shaw Brothers... Un beau gâchis !

 

 

 

 

 

 

S'il n'est pas à marquer d'une pierre blanche dans la production de la Shaw Brothers, The Shadow Whip restera plus dans l'histoire comme un des derniers films de Lo Wei pour la firme qui l'a hébergé pendant de nombreuses années (il "trahira" Run Run Shaw en allant retrouver Raymond Chow à la Golden Harvest et lancera Bruce Lee puis Jackie Chan) et aussi la dernière oeuvre des 5 tournées ensemble par le duo Cheng Pei Pei / Yueh Hua (à l'époque amants à la ville), depuis Come Drink With Me (1966).

Quels sont les principaux reproches que l'on peut faire à The Shadow Whip ?

 

 

 

 

 

 

Certains prétendent que Lo Wei était un metteur en scène sans talent, mais qu'il possédait un réel don pour raconter des histoires. Peut-être, mais à la vision de The Shadow Whip, on est très loin d'en être convaincu. L'intrigue est convenue et peu originale, le spectateur, s'il est un peu attentif, devine très aisément ce qui va se passer dans la séquence qui suit. De plus, certains retournements de situation ou certaines astuces scénaristiques sont tout simplement ridicules. J'en veux pour preuve la façon donc Cheng Pei Pei confond le méchant à la fin du film. Je ne vous dévoilerai pas la scène, mais je vous défie de ne pas rire à ce moment !

 

 

 

  

 

Autre très gros handicap : les chorégraphies martiales. Tout d'abord, les câbles sont utilisés à outrance et d'une si grossière façon qu'il est impossible de ne pas les voir (ou de ne pas les oublier). Ce n'est certainement pas une question d'époque, la maîtrise de ces artifices étant déjà bien acquise dans les années 70. De plus, on voit trop souvent les héros voler d'un endroit à un autre raides comme des bâtons (un peu à la manière de Superman ou de Spectreman) : on a l'impression qu'une bûche de chêne habillée en sabreur a traversé l'écran de part en part, le bras (la branche ?) en avant... Pitoyable !
Et ce n'est pas tout : si vous êtes allergiques aux héros qui font des bonds à l'envers pour nous faire croire qu'ils sautent très haut (on les filme en train de sauter d'un toit et hop, on repasse la bobine dans l'autre sens !), vous allez être servis... En règle générale, cette "astuce" était utilisée une ou deux fois par film, ce qui était peu gênant au final. Le problème, c'est que Lo Wei avait l'air d'être un fan de cette technique !

 

 

 

 

 

 

Autre reproche : si sur le papier (ou sur l'affiche, au passage superbe), le concept d'héroïne avec un fouet est une très bonne idée - encore que Lo Wei n'exploite pas du tout les possibilités de sous-entendus sexuels que peut offrir un tel outil (voir Barbara Stanwick dans Forty Guns de Samuel Fuller) -, à l'écran, le résultat est désastreux. Pour obtenir de la précision dans le maniement du fouet, le manipulateur doit obtenir une certaine vitesse de la corde... ce qui provoque sa disparition totale de l'image ! On a donc l'impression que Cheng Pei Pei se bat avec un bout de bois qu'elle brandit de temps en temps dans l'air. Le fouet n'est pas cinégénique, mais c'est l'argument principal du film... qu'à cela ne tienne, Cheng Pei Pei se voit finalement affublée d'un poignard et d'une dague.

 

               

 

 

Pour finir dans les armes dont The Shadow Whip aurait pu se passer, si le ridicule ne tue pas, les petites "bombes en série" (les "serial bombs") du "Trio en série" (le "serial trio") tuent, et la parade de Yueh Hua est un moment de franche rigolade (son plateau transparent de garçon de café est magnifique !).
En échos à Come Drink With Me, on retrouve une scène de taverne dans laquelle Cheng Pei Pei est confrontée à plus d'une dizaine d'opposants. Las, Lo Wei n'est pas King Hu et la séquence ne parvient jamais à s'envoler... chorégraphies martiales ou simplement mise en scène, tout est exécuté platement, sans aucune imagination (ne parlons pas de génie !), comme si, en bon tâcheron, Lo Wei s'évertuait à fournir le minimum syndical.

 

 

 

 

Côté acteurs, ce n'est pas non plus très réjouissant. Si The Shadow Whip nous permet de découvrir le faciès rigolard de Lo Wei (au moins, il a l'air d'être bon vivant) dans un petit rôle, force est de constater que Yueh Hua, transparent, n'est pas en grande forme, que Ku Feng fait du Ku Feng de base, et que le film ne repose que sur les épaules de sa charismatique actrice principale (bizarrement l'unique représentante féminine au générique). Là encore, un ratage complet...
Lo Wei y pousse la recherche de la rentabilité jusqu'à faire durer son film moins d'une heure vingt, ce qui, compte tenu des nombreuses scènes d'action, laisse peu de temps au récit et au développement des personnages. Mais sont-ce ses priorités ? J'en doute fort, le réalisateur étant plus connu pour sa volonté de satisfaire les goûts immédiats du public plutôt que pour la poursuite d'une thématique ou la recherche esthétique.

 

 

 

 

The Shadow Whip est un réel naufrage compte tenu des atouts dont il disposait. On a d'ailleurs du mal à croire qu'il a été tourné en 1971 et pas au début des années 60, tant la mise en scène et le jeu des acteurs sont datés.

Une bien triste conclusion à l'aventure Cheng Pei Pei / Yueh Hua...



30/03/2012
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