Made In Asie

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Soul Of The Sword

                                      Soul Of The Sword - 1978

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Scénario :

 

 

 

 

Un enfant bien curieux est un jour le témoin d'un duel entre un maître d'armes renommé et un jeune prétendant. Ce dernier se fait occire et sa compagne se suicide sur son corps sans vie. Fort impressionné, l'enfant décide qu'adulte il réussira à battre ce terrifiant maître d'armes... Des années plus tard, devenu à son tour un puissant artiste martial, il se rend dans la demeure du maître pour le défier. Or, celui-ci est absent. Il attendra son retour et fera de nombreuses connaissances, pour le meilleur et pour le pire...

 

 

 

 

 

 

 

Casting :

 

 

 

 

Ti Lung, Lam Jan Kei (Li Chen Chi), Guk Fung (Ku Feng), Norman Chu (Norman Chiu), Yue Wing, Lau Wai Ling, Ng Hong Sang, Lily Li Li-Li, Chan Shen, Keung Hon, Lam Fai Wong, Wong Ching Ho, Chan Jun Ho, Lee Hoi Sang, Lun Ga Chun, Leung Maan Yee, David Wong Dai Wai, Wong Jing Jing

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                   ***   Critique   ***

 

 

 

 

 

 

 

 

Wa Saan est principalement connu pour avoir réalisé en 1975 le nanard culte Super Inframan. C'est cependant avec Soul Of The Sword, wu xia-pian psychanalytique tourné trois ans plus tard, qu'il nous livre son (unique) chef-d'oeuvre.
Soul Of The Sword nous conte les aventures d'un homme pour qui la vie a bifurqué un jour d'enfance, alors qu'il était le témoin d'un duel à mort entre un maître d'armes, figure tutélaire et établie (le père), et un jeune épéiste prétendant (le fils). Dans l'esprit du garçon, adoptant la position de transgression du voyeur, se déroule devant lui le rite de passage du monde de l'enfance au monde des adultes, transformation non concluante puisque le combat se solde par l'échec de l'ambitieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pire encore, sa belle compagne le suit dans la mort, accentuant encore les désastreuses conséquences d'un tel revers. L'ordre ne sera pas bouleversé, le néant reste la seule issue possible. En analysant cela d'un point de vue psychanalytique, on peut y voir l'échec du règlement du complexe d'Oedipe : le fils n'a pas réussi à tuer le père... Et l'enfant qui observe la scène, par peur de la castration (menace du père), va s'attacher toute sa vie à se préparer à l'affrontement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si l'on se replace dans l'histoire, d'une manière plus classique, on peut dire que du jour où il a vu le prétendant se faire massacrer et sa compagne se suicider, l'enfant va mener une vie au but unique : être le plus fort pour tuer celui qui inconsciemment le menace. Son existence sera dès lors dirigée par son épée, à la fois substitut phallique, amante et âme (d'où le titre).
De temps à autre, le "ça" (pour reprendre une terminologie freudienne) reprendra sporadiquement le dessus et son esprit sera enfin animé de désirs sexuels "humains" : des apparitions viendront le tourmenter pour tenter de le ramener sur la voie de la sagesse, faire poindre la chaleur sous la froideur du tueur sanguinaire qu'il est devenu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Là encore, la psychanalyse joue à fond : le spectre que voit le héros (superbement incarné par Ti Lung) revêt à la fois l'apparence de la fiancée suicidée du prétendant, mais aussi d'une jeune femme rencontrée en ville et pour laquelle il éprouve des sentiments charnels. Véritable fantôme, matérialisation d'un refoulement ou fantasme prenant forme sous ses yeux ? Je pencherais personnellement pour l'incarnation, sous l'essence vaporeuse d'une apparition, d'un désir... Car à ce moment du film le héros lutte entre l'amour qu'il porte à la jeune femme et son envie irrépressible d'affronter le maître d'armes. Et il sait que pour le vaincre il ne doit pas avoir d'attaches terrestres, de pensées susceptibles de le détourner du combat... Doit-il vider son coeur pour grandir, s'affranchir des sentiments amoureux pour prouver qu'il est un homme et plus un enfant ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le héros passe plus des trois quarts du film à attendre le retour du maître d'armes qu'on dit parti en mission. Pendant tout ce temps, son comportement va osciller entre l'égoïsme le plus pervers (il va ravir la fiancée d'un brave garçon et l'humilier à maintes reprises) et l'abnégation juvénile au service de la jeune femme qu'il aime (voir la scène où il attend sous la pluie). Bref, il est la proie des tourments et son esprit l'arêne dans laquelle luttent divers aspects de sa personnalité...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'enjeu de Soul Of The Sword porte donc sur la capacité du héros à se transformer et à s'accomplir en tant qu'individu. Devra-t-il pour autant semer la mort autour de lui ? Sera-il nécessaire qu'il se déshumanise en rejetant son "moi" profond ? La mort du maître d'armes constituera-t-elle les prémices d'une nouvelle vie ?
Si le fond est riche, la forme de Soul Of The Sword ne l'est pas moins ! Ti Lung est magistral dans son rôle d'épéiste ambitieux et borné. Une fois encore, il joue sur la corde raide et apparaît à la fois bon et démoniaque : une performance que nombre d'artistes martiaux de la Shaw Brothers de l'époque étaient bien incapables d'ambitionner ! Les autres acteurs ne sont pas en reste (Ku Feng et Norman Chiu notamment), mais sa présence les écrase...

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

Côté chorégraphies martiales, nous sommes aussi gâtés : le classique Tang Chia nous livre une fois de plus des combats trépidants et inventifs, prenant place dans des décors originaux (je pense tout particulièrement à la scène du lac).
La mise en scène de Wa Saan est soignée et les plans particulièrement riches de trouvailles visuelles. Quel dommage qu'il n'ait pas continué dans cette voie !
A noter que le générique, d'une ambiance toute seventies, est fort réussi.



30/03/2012
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