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The Bells Of Death

                                         The Bells Of Death - 1968

 

 

 

 

 

 

 

 

The Bells of Death (1968) Poster

 

 

 

 

 

 

 

 

=> En juin 1968, The Bells of Death débarque sur les écrans Hong Kongais, réalisé par Yueh Feng un poids lourd touche à tout de l’industrie cinématographique de cette partie du monde. Aussi bien le réalisateur que ses films ne sont pas très connus par chez nous, étonnant vu la qualité du travail…

 

 

 

 

 

 

Scénario :

 

 

 

 

L’histoire est une vengeance assez formelle, un jeune homme dénommé Wei Fu (Chang Yi) voit sa famille se faire massacrer par trois brigands, sa sœur est kidnappée au passage. Suite à ce tragique événement il rencontre par le plus grand des hasards un maître d’une rare habilité martiale qui après un acharnement de la part de Wei deviendra son maître. Cinq années passent, le jeune homme part accomplir sa vengeance…

 

 

 

 

 

 

 

Casting :

 

 

 

 

Avec Chang Yi

Ku Feng

Chin Ping

Wu Ma

 

 

 

 

 

 

                                                       ***   Critique    ***

 

 

 

 

 

 

 

Au niveau du casting, on a le droit à du très lourd, Chang Yi, Ku Feng, Chin Ping, Wu Ma… La prestation de Chang Yi est tout à fait remarquable, je m’étais habitué à le voir dans des rôles de beni-oui-oui, agissant au nom de la justice, ici c’est totalement l’opposé, le personnage est perturbé, violent par nécessité, agissant pour son propre compte. Il est d’ailleurs intéressant de voir l’évolution du personnage, qui après son entraînement acquiert une certaine confiance puis avec les rencontres qu’il fait lors de son périple, comprend la souffrance d’un autre point de vue.

 

 

 

 

The Bells Of Death - 1968 - Yueh Feng

 

 

 

Yueh Feng surprend. The Bells of Death est très nettement influencé par les productions italiennes de westerns, ainsi que des chambaras, on sait d’ailleurs que les deux genres sont cousins, il nous suffit de repenser au Yojimbo de Kurosawa et au Pour une poignée de dollars de Leone, remake non officiel du premier. La trame de l’histoire du film de Yueh Feng est basique, quelques mois auparavant Death Rides A Horse sortait avec une intrigue et une approche similaire du thème de la vengeance : un enfant caché dans un coin assiste impuissant au massacre de sa famille par des bandits, quelques années plus tard il se lance à leur poursuite, chacun d’eux sera tué…

 

 

 

 

The Bells Of Death - 1968 - Yueh Feng

 

 

 

Mais qu’est ce qu’il y a de si surprenant à reprendre une histoire ? Mais non, il ne faut pas douter de Yueh Feng, en tant que réalisateur il nous comble de bonheur avec sa mise en scène très riche. On peut se souvenir donc des zooms brusques sur le visage des personnages, des mouvements de caméra d’une fluidité jouissive… mais le clou du spectacle ce sont les combats car The Bells of Death est bien un wu xia pian et ça il ne faut pas l’oublier.

 

 

 

 

The Bells Of Death - 1968 - Yueh Feng

 

 

 

La mise en scène des combats est vraiment très variée, Yueh Feng ne fait pas qu’appliquer inlassablement un schéma précis. Il est loin de filmer les combats comme chez Chang Cheh qui lui en général capture l’ensemble de l’action ou encore chez Liu Chia-Liang qui nous permet d’apprécier au mieux ses chorégraphies complexes et merveilleuses. Non, Yueh Feng n’oublie pas qu’il est dans une histoire de vengeance, ses combats sont filmés dans le même état d’esprit. Il lui arrive donc de ne pas s’attarder sur l’action, préférant zoomé sur le visage du héro ou d’un autre personnage avec en arrière plan l’horrible bruit de la souffrance infligée à l’individu. Le réalisateur marque impeccablement bien la violence de l’histoire qui est avant tout une affaire morale, la violence physique suit dans le plan suivant, le sang coule à flot comme chez Chang Cheh, il n’y pas de retenu. Wei Fu répète d’ailleurs à chaque combat sa devise « une vie pour une vie », soit la loi du talion « œil pour œil ».

 

 

 

 

The Bells Of Death - 1968 - Yueh Feng

 

 

 

Ce côté moral est déjà présent dans la séquence d’introduction, un homme tue d’une flèche en plein cœur une femme en train de fuir, un autre transperce la tête d’un enfant… La mise en place de ses horreurs s’attache aux faits finis, Yueh Feng ne filme jamais en plan large l’action, il s’attarde sur le visage du bandit puis montre le résultat de l’action. Quoi de plus atroce que de voir un homme souriant pendant qu’un enfant agonise misérablement et sans défenses ?

 

 

 

 

The Bells Of Death - 1968 - Yueh Feng

 

 

 

 

Revenons aux combats. Je parle plus haut d’influence, la “japonisation” des combats est très clair, notamment lors du combat de présentation du maître, 1 homme entouré de plusieurs brigands, les hommes se lancent dans l’attaque, gros plan sur le maître effectuant tout un tas de mouvements, silence – les attaquants sont immobiles, l’homme quitte le cercle continuant son chemin, les hommes tombent leur corps complètement charcuté. Toujours dans la même idée d’influence, la manière dont Wei Fu range son sabre nous rappelle les samouraïs, il ne remet pas tout de suite la lame dans son fourreau mais fait d’abord glisser avec élégance l’arme sur son fourreau pour enfin la ranger.

 

 

 

 

 

 

 

Il y a ensuite les combats contre chacun des brigands, chacune de ces scènes reflète une ambiance différente. Le premier combat se déroule dans une forêt de bambous, on peut encore y voir l’influence japonaise, en pleine pénombre. Ce bandit est un lâche essayant par tous les moyens de se déculpabiliser. Le second combat, mon préféré, commence sous une pluie battante. Le bandit propose d’aller dans un autre endroit : un temple. Le combat va être pimenter par un petit détail qui donne tout son charme à la scène, en effet chacun des combattants posent sur le bout de sa lame un bout de bougie éclairé. À chaque attaque, les bougies sont envoyées dans l’air, plongeant ainsi nos deux personnages dans le noir le plus complet. Nous ne voyons rien, nous ne pouvons qu’entendre les bruits. Ce choix de combat est d’une rare efficacité, c’est un peu comme si Yueh Feng nous disait que ce duel est l’affaire de ces deux hommes, pas la nôtre. Pour le dernier combat, il s’agit de mettre en avant la petitesse d’un homme plein d’arrogance, qui sans ses armes préférées et ses hommes, n’est rien du tout. Yueh Feng arrive à se concentrer parfaitement sur la vengeance, à ce propos il faut aussi noter qu’on ne verra pas l’entraînement de cinq années du jeune Wei Fu.

 

 

 

 

 

 

 

À part ces fameux combats, il n’y a qu’une seule séquence dans laquelle Yueh Feng filme en large un combat, celui dans l’auberge du début, une scène particulièrement violente (décapitation, membres coupés…) mais qui dans le fond suit le schéma expliqué un peu plus haut en marquant frontalement l’horreur de l’acte. On peut souligner au passage, les scènes suivant les combats principaux qui se révèlent vraiment éblouissantes de par leur luminosité et leurs vives couleurs.

 

 

 

 

 

 

 

Le dernier élément remarquable de ce film, c’est sa musique, extrêmement proche d’une bande son d’un western italien sur lequel Morricone aurait travaillé. La musique est accompagnée elle-même d’un autre son, celui des clochettes de la mort, son symbolique qui résonne durant la majorité du film, au passage cela peut aussi faire penser aux bottes des cow-boys… D’ailleurs Yueh Feng ne reprend pas simplement les gros plans des yeux/visages du western italien, il reprend aussi la mise en place d’une tension en filmant les pas fermes d’individus voguant vers leur destinée (un combat).

 

 

 

 

           

 

 

 

The Bells of Death est donc une sacrée surprise, une véritable perle de la Shaw Brothers. Son réalisateur nous démontre sa capacité à varier les plaisirs de mise en scène, il n’y a dans ce film aucune facilité visuelle, à chaque moment Yueh Feng essaye de nous intéresser, de nous gâter. Je ne peux nier que le film possède des défauts, comme par moment un montage rendant une scène clé incompréhensible, mais il y a dans ce film une telle richesse visuelle qu’on oublie rapidement ce genre de problème.

 



02/04/2012
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